Une situation électrique
Aujourd’hui, plus que jamais le niveau de tension de notre système électrique est à son plus haut niveau. La guerre en Ukraine a en effet ajouté la dernière carte à un édifice énergétique déjà fragile en Europe. Notre extrême dépendance fossile à la Russie nous place dans une situation inédite où les Etats européens vont être forcés de trouver des portes de sortie nécessaires.
Pour compenser la sortie de nos liens énergétiques avec la Russie, les stratégies divergent : de l’investissement massif dans le déploiement d’énergies renouvelables à la réouverture de centrales à charbon. Chaque pays emploie des mesures précipitées et non préparées à des problématiques pourtant bien anticipables. Cela fait plusieurs année que la sortie des énergies fossiles aurait dû être questionnée.
Ces différents défis nous interrogent sur l’avenir de notre modèle énergétique européen.
Des prix à la hausse
La première conséquence de ce changement de paradigme énergétique est l’augmentation des prix de l’énergie. L’électricité en Europe dépend à 20% du gaz. Si nous décidons de nous en passer, nous devrons donc nous tourner vers d’autres sources d’énergie qui logiquement au vu de la demande, finiront par voir leur prix d’achat augmenter.
Selon une récente note du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP), le coût moyen de l’embargo pour l’Union européenne équivaudrait à une réduction de 0,7 % des dépenses nationales (consommation des ménages, investissement des entreprises et dépenses publiques), soit un coût annuel de 227 euros pour un européen.
Quelles pistes pour sortir de notre dépendance énergétique ?
Dans un premier temps, les pays ne sont pas logé à la même enseigne. La France par exemple est moins dépendante du gaz russe que d’autres pays européens comme l’Allemagne ou des pays d’Europe centrale. Il faudrait donc mettre en place un système d’entraide énergétique au sein des pays européens, pour aider les plus dépendants et ainsi répartir équitablement la contribution de chaque Etat membre.
Sur le moyen terme, nous devrons diversifier l’approvisionnement en gaz avec de nouveaux partenaires, accélérer le déploiement des gaz renouvelables et remplacer le gaz utilisé pour le chauffage et la production d’électricité. Le REPowerEU, qui ambitionne de rendre l’Europe indépendante des énergies russes avant 2030, propose une palette de mesures pour répondre à la hausse des prix et reconstituer les stocks de gaz.
À long terme, il faudrait mobiliser toutes les formes d’énergies non-fossiles (renouvelables et nucléaires) pour permettre de construire un modèle énergétique européen souverain et pérenne. C’est aussi un engagement de l’ensemble de la société civile, qui doit prendre conscience des enjeux à long terme et donc gagner en sobriété dans sa consommation.
Et l’autoconsommation collective là-dedans ?
Une des réponses est donc un engagement collectif pour les enjeux énergétiques. Demain, la demande européenne en électricité ne va pas faiblir, elle va même augmenter. Tout l’enjeu est donc de mobiliser un maximum de personnes autour de ces enjeux, pour que chacun puisse être un acteur de ce changement de paradigme en aidant l’Europe à sortir de sa dépendance aux énergies fossiles.
Pour cela, une des solutions est de massifier l’installation de panneaux solaires dans les habitations et de créer localement des chaînes de distribution. Cela permettrait de gagner en autonomie et de limiter l’usage réseau central de distribution, qui sera priorisé pour des usages industriels.
Il serait également nécessaire d’avoir une vraie politique du solaire en Europe, en s’engageant à produire et recycler au niveau européen les panneaux photovoltaïques. Pour, là encore, ne pas connaître demain avec la Chine la même dépendance d’approvisionnement que celle que nous avions hier avec la Chine.
L’autoconsommation collective a donc un vrai rôle à jouer en étant un maillon local de la chaîne énergétique en Europe, en soulageant le réseau central de distribution d’électricité et en accélérant la transition énergétique.